Pleine à craquer, la salle des fêtes du théâtre de Fontainebleau pour la réunion publique organisée par la mairie, avec Frédéric Valletoux, le sous-préfet Jean-Marc Giraud et le responsable de la Croix Rouge Claude Philippon. Une affluence révélatrice de l’intérêt des Bellifontains pour la question. « C’est un sujet qui interroge, nous allons essayer d’apporter des réponses les plus claires et directes possibles. On n’a pas fait cette réunion avant car nous n’avions pas d’infos. À part entretenir des peurs, cela n’aurait servi à rien » expliquait le maire en introduction. Depuis le 4 novembre, 148 migrants sont accueillis dans le centre d’accueil provisoire de la caserne Damesme, encadrés par les professionnels de la Croix Rouge. Et plus que jamais, la population bellifontaine semble coupée en deux : entre ceux qui ont peur, et ceux qui ont envie de leur tendre la main. Cette tension, le maire avait pu en prendre conscience en lisant les réactions sur les réseaux sociaux.
Témoignage poignant
C’est sur un ton offensif qu’il introduisait la réunion : « j’espère que les personnes qui laissent des commentaires aussi crus sur les réseaux sociaux auront le courage de dire la même chose droit dans les yeux. C’est facile de balancer des horreurs derrière un écran. Il faut prendre un peu de recul avant de parler et d’écrire, prendre le temps de la portée des mots que l’on utilise. Ces personnes ne sont ni des chiens, ni des bêtes. Certains quittent des pays en guerre, il y a un droit d’asile, des lois qui encadrent la prise en compte de ces phénomènes de migration ».
Ces propos qui ont tant choqué le maire, on les trouvera finalement peu dans les prises de parole. Un professeur de philosophie de Bois-le-Roi lançait tout de même en hurlant : « ce sont des lâches qui ont laissé femmes et enfants ! ». Autre prise de parole : « Ils n’ont pas la même mentalité, la même culture que nous. C’est une question de sécurité pour les femmes, que comptez-vous faire pour notre sécurité ? ». Pour contre-balancer, on retiendra le témoignage poignant d’une femme habitant Ecuelles qui côtoie les migrants de Champagne : « On ne peut pas laisser crever les gens devant nos portes. Aucune femme n’a été molestée. Quand on a subi les inondations, qui est venu nous aider à tout nettoyer alors qu’on n’avait rien demandé ? Nos migrants ! ».
Yoann VALLIER