![Vue du centre-ville de Nancy et de la place Stanislas.]()
Vue du centre-ville de Nancy et de la place Stanislas. (©Wikimédia)
La ville de Nancy (Meurthe-et-Moselle) pourrait-elle bientôt devenir une grande commune de près de 260 000 habitants ? C’est en tout cas le projet d’agglomération auquel s’accroche le maire radical Laurent Hénart, depuis son annonce du 14 décembre 2018.
L’idée est de fusionner les 20 communes qui composent la métropole du Grand Nancy. Depuis l’émergence de la loi NOTRe en 2015, certaines villes de population relativement importante ont procédé de la sorte, dont Annecy (Haute-Savoie) et Cherbourg (Manche).
Annecy compte désormais 126 000 habitants, tandis que Cherbourg-en-Cotentin (la dénomination officielle depuis 2016) en compte 80 000.
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Les avantages de la fusion selon Laurent Hénart
Pour l’élu, une fusion des 20 communes permettrait une mutualisation des moyens sans entraîner d’augmentation de la fiscalité. De plus, la commune nouvelle ne nécessiterait qu’un seul service technique et une seule direction générale des services. Il estime que la ville-centre doit pouvoir proposer des solutions pour les autres communes de la banlieue.
Laurent Hénart affirme également que cette fusion permettrait de réaliser des économies de fonctionnement pour le financement de grands projets, comme la transition énergétique et la refonte des transports de l’agglomération, sans augmenter les impôts.
Le premier magistrat assure que les habitants de cette nouvelle entité administrative ne perdront pas la proximité avec leur maire délégué, ni leur identité. Enfin, cette fusion a également pour objectif d’accroître la démocratie locale.
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Étendre la métropole jusqu’à Toul, Lunéville et Pont-à-Mousson
Laurent Hénart voit déjà plus loin que la fusion des communes de la métropole. Selon lui, dans les années à venir, Toul, Lunéville ou encore Pont-à-Mousson pourraient y être intégrées. Dans l’Est Républicain, il explique :
Combien de temps les citoyens qui boudent la représentation politique, vont-ils accepter des limites administratives qui ne correspondent plus à leur vie réelle, à ce qu’ils vivent ?
Pour l’instant, les trois principales villes voisines de Nancy n’entrent pas dans le débat et ne semblent pas vouloir intégrer une métropole XXL. Encore moins à un an du renouvellement du mandat de maire. Pour ces élus de communes moyennes, l’argument électoral de « l’absorption » par la « grande ville » peut être fatal.
![Mathieu Klein (4e en partant de la gauche), actuel président (PS) du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, a refusé un poste de ministre dans le nouveau gouvernement d'Édouard Philippe.]()
Mathieu Klein (4e en partant de la gauche), actuel président (PS) du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, a refusé un poste de ministre dans le nouveau gouvernement d’Édouard Philippe. (©Nicolas Zaugra/Lorraine Actu)
Avant les municipales de 2020, Mathieu Klein contre
La proposition choc de Laurent Hénart n’intervient pas à n’importe quel moment : nous sommes à un an des élections municipales. Le maire sortant devrait bien être candidat à sa réélection, son équipe y travaille déjà. Cette volonté de fusionner Nancy avec les 19 autres communes de la métropole est déjà une esquisse de son futur programme.
La campagne a déjà commencé en coulisses ces dernières semaines et les premières propositions de fond commencent à émerger dans le débat public. La semaine dernière, le socialiste Mathieu Klein, candidat malheureux en 2014 face au maire, a proposé que les transports en commun de la métropole puissent devenir entièrement gratuits. Il plaide aussi pour des places plus vertes et un centre-ville piéton plus large. La bataille a commencé entre les deux rivaux…
L’actuel président du Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle est d’ailleurs contre la fusion des communes du Grand Nancy. Il a assuré il y a quelques jours lors d’un entretien avec des journalistes, dont Lorraine Actu :
C’est une vision datée. La métropole est une bonne chose pour l’attractivité. Mais dès le lendemain de sa création en 2016 on nous disait qu’il fallait l’agrandir. Il faut passer dans l’ère de la coopération mais pas forcément dans l’agrandissement, ce n’est pas la seule perspective. Il ne s’agit pas de manger l’autre (…)
Le « rappel à l’ordre » d’André Rossinot, des maires peu motivés
L’actuel président de la métropole n’est pas emballé par la proposition de son ex-adjoint devenu maire de Nancy, 31 ans après lui. Et c’est le moins que l’on puisse dire. Lors de sa cérémonie de vœux, André Rossinot a sèchement recadré le maire de la cité ducale durant son discours :
Dans l’histoire de la Métropole, il n’y a pas de place pour les aventures individuelles (…) C’est toujours celui qui se veut capitaine qui appelle au travail d’équipe.
Du côté des maires concernés, on ne se bat pas pour défendre la proposition de Laurent Hénart. Le maire PS de Tomblaine est contre et dénonce une opération « électoraliste » tandis que celui de Saint-Max (LR) critique le calendrier à un an des élections.
Pour le maire centriste de Villers-lès-Nancy, on estime que les habitants ne sont pas prêts même si le débat « peut être ouvert ». Enfin, pour Vandœuvre-lès-Nancy, seconde ville de la métropole en nombre d’habitants, ce n’est pas « le moment » de mettre ce sujet ultra sensible sur la table. Le débat, le premier d’ampleur à une année du futur scrutin municipal, ne fait que commencer. Et Laurent Hénart compte bien appliquer son idée notamment en prenant la métropole s’il est réélu dans son fauteuil de maire de Nancy.
Avec Nicolas Zaugra